• Cette maison, illustrée par le célèbre connétable, s'est appelée tour à tour Waglip, Gayclip, Guarplic, Guerplic, Glerquin, et dans les chroniqueurs Claquin, Glaquin, Glayequin, etc.; ce qui prouve combien il faut attacher peu d'importance aux variations constantes et souvent radicales que présentent les noms propres. Son origine ne montre pas moins d'incertitude. Le Père Anselme lui donne pour premiers auteurs Richer, vivant au VIe siècle dans le manoir de Gaiplic, et Clamaroch, son fils, qui donna à l'abbaye du Mont Saint-Michel diverses terres par un acte dont Geoffroy de Dinan, son seigneur suzerain, fut un des signataires.

        Le Nobiliaire de Bretagne, de M. de Courcy, contrairement à l'opinion du Père Anselme, fait descendre le connétable du Guesclin de Salomon, bâtard de Dinan, en 1039. Ces contradictions font voir quelle circonspection il faut apporter quand il est question des degrés généalogiques de la plupart des grandes maisons elles-mêmes antérieurement au XIIe et souvent au XIIIe siècle.

        Geoffroy Waglip, au retour de la Terre sainte en 1180, confirma une donation que sa mère Floride avait faite trente ans auparavant à l'abbaye de la Vieuville. C'est en vertu de cet acte que le nom et les armes des du Guesclin ont été mis dans les salles des Croisades au musée de Versailles.

        La filiation donnée par le Père Anselme (tome VI, page 178) ne commence à être authentique, à donner le nom des femmes et à mentionner les alliances, qu'à partir de Pierre du Guesclin, IIe du nom, chevalier, seigneur du Plessis-Bertrand, et de Bertrand IV, son frère cadet, qui forment dans cet ouvrage le huitième degré. Pierre II épousa :

    1. Mahaud de Broons, fille et héritière de Robert, seigneur de Broons ;
    2. Alix, dont il eut Thiphaine du Guesclin, mariée à Bertrand de Châteaubriand;
    3. Jeanne de Montfort, dame de Largentaye, de Plancoet et de Montbrau en Lamballe, dont il eut Pierre du Guesclin, fait prisonnier à la bataille d'Auray en 1364 par Guillaume Latimer, et marié à Julienne de Denonval ; de cette union était issue une fille unique, Thiphaine du Guesclin, femme de : A. Jean de Beaumanoir (assassiné le 14 février 1385, jour du mardi gras, par son métayer, dont il avait séduit la fille); B. Pierre de Tournemine.
    1. Bertrand IV du Guesclin, frère puîné de Pierre II, mentionné plus haut, épousa Jeanne de Broons, soeur de Mahaud, dont il eut : 1° Guillaume, qui suit ; 2° Hugues du Guesclin, qui porta la bannière à la croisade des rois de Castille et de Portugal contre les infidèles, et combattit à Salado le 30 octobre 1340 ; 3° Marie du Guesclin, femme d'Hervé, seigneur de Mauny.

    2. Guillaume du Guesclin, seigneur de Broons, veuf sans enfants d'Alix de Dinan, se remaria avecBe N... de BEaumont. Du second lit il eut 1° Robert, qui suit ; 2° Bertrand du Guesclin, auteur de la branche de la Roberie, rapportée ci-après ; 3° Olivier du Guesclin, seigneur de la Ville-Anne, chevalier, qui obtint, le 31 décembre 1344, de Charles de Blois des lettres de rémission pour les excès qu'il avait commis dans les guerres de Bretagne ; 4° Jeanne du Guesclin, femme de Guillaume de Budes.

    3. Robert du Guesclin, chevalier, seigneur de Broons, suivit le parti de Charles de Blois et de Jeanne de Bretagne contre le comte de Montfort, et mourut en 1353. Il avait épousé Jeanne Malesmains, dame de Sens en la seigneurie de Fougères, fille de Fouques Malesmains, seigneur de Sens et de Vieuxvy. Leurs enfants furent :                                                                                                                                    - 1° Bertrand, qui suit ;                                                                                                                         -2° Olivier du Guesclin, comte de Longueville, seigneur de la Guerche, de Broons, de la Rochetesson, etc., qui servit dans les guerres de Bretagne et de Flandre de 1360 à 1388, fut connétable de Castille, et vit sa renommée éclipsée par celle de son frère aîné ; il mourut en l'an 1400, ne laissant pas de postérité de son union avec Peronelle d'Amboise, fille d'Ingerger, seigneur d'Amboise, de Montrichard, de Chevreuse, etc., et d'Isabeau de Thouars ; mais on lui donne pour enfant naturel Jean, bâtard du Guesclin, qui servait en 1415 ;                                                                                     -3° et 4° Guillaume et Robert du Guesclin, qui servirent dans les guerres de Bretagne, et moururent sans alliance,                                                                                                                                       -5° Julienne du Guesclin, religieuse, qui, s'étant réfugiée à Pontorson chez sa belle-soeur, repoussa l'assaut des Anglais et sauva le château en renversant leurs échelles                                                    -6°-7° Louise et Jeanne ;                                                                                                                     -8°ColetteduGuesclin, femme du seigneur de Saint-Jean ;                                                                                                                                                   - 9° Agathe du Guesclin, religieuse ;                                                                                                      -10° Clémence du Guesclin, qui, veuve de Raout, seigneur de Beauchamp, se remaria à Fralin de Husson, seigneur de Ducé.

      N. B. Louise du Guesclin, d'après des documents domestiques où elle est appelée Loyette, paraît avoir épousé en 1350 Pierre de Fourneau, chevalier, seigneur dudit lieu, originaire de Normandie, dont les descendants actuels figurent dans l'Annuaire de la noblesse de Belgique sous le nom de Fourneau de Cruyckenbourg.

    4. Bertrand, devenu si illustre sous le nom de connétable du Guesclin. Avec le connétable Bertrand du Guesclin s'éteignit la descendance directe de la branche aînée. Mais il s'en était détaché une branche, celle des seigneurs de Vauruzé et de la Roberie, qui est issue d'un oncle du connétable et qui s'est alliée avec les familles Blanc de la Roberie, Pépin, Bouillé, la Morelière, Ancenis, Morin de la Porte, Sévigné, Denée de la Motte, de Gennes, Haussart de Bours et de Boucheron, Auvé de la Ventrouze, des Vaulx de Levaré, du Chastellier, le Garengier, Chasteigner de la Châteigneraye, Dreux de Brezé, etc.

      A cette branche, maintenue dans sa noblesse d'ancienne extraction par arrêt du 15 janvier 1669, appartenaient : Jean du Guesclin, chevalier, qui épousa, le 20 juillet 1430, Jeanne de Sévigné, fille aînée de Guillaume, seigneur de Sévigné, et d'Anne de Mathefelon, dame des Rochers ; Joachim du Guesclin, seigneur du Plantis, écuyer des ducs d'Aumale et d'Elbeuf, député aux états généraux tenus à Paris en 1593 ; René du Guesclin, conseiller au grand conseil en 1638 ; René du Guesclin, seigneur de Beaucé, qui fit enregistrer ses armes (ainsi que ses soeurs Julienne et Marie-Anne) dans l'Armorial général, registre de la généralité de Tours, bureau de Château-Gonthier ; Bertrand du Guesclin (Glesquin), seigneur de la Roberie, dont la veuve, Renée Pépin, fit enregistrer les armoiries en 1697 avec les siennes : d'azur, au chevron componné d'argent et de gueules, accompagné de trois pommes de pin d'or renversées. Bertrand du Guesclin, fils du précédent, fit aussi inscrire dans l'Armorial général son blason avec celui de Renée Gouret, sa femme, qui portait : de gueules, à la fasce d'or. Leurs enfants furent : Bertrand César du Guesclin, qui suivra, et Bertrand Jean Baptiste René du Guesclin, son frère, né le 30 août 1703, chanoine et grand vicaire de l'archevêché de Rouen en 1729, évêque de Cahors de 1741 à 1766. C'est à eux que s'arrête le travail généalogique du Père Anselme (tome VI, page 197).

      Bertrand César du Guesclin, seigneur de la Roberie et de Montmartin, son fils, appelé le marquis du Guesclin, né le 12 novembre 1694, capitaine au régiment du Roi, infanterie, puis mestre de camp de cavalerie et premier gentilhomme de la chambre du duc d'Orléans. Veuf en 1723 de Marguerite Rose Dreux, fille de Thomas Dreux, marquis de Brezé, lieutenant général et grand maître des cérémonies de France, il se remaria le 9 février 1728 avec Marguerite Bosc, fille de Jean-Baptiste Bosc, procureur général de la cour des Aides, dont il eut : 1° Philippe du Guesclin, né le 18 décembre 1728, mort au mois de juin suivant ; 2° Françoise Marie du Guesclin, née le 14 juillet 1737, mariée le 4 avril 1758 à Louis Joachim Potier, duc de Gesvres, pair de France, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 7 juillet 1794, dernier rejeton mâle de sa maison. Avec la duchesse de Gesvres s'éteignit aussi le nom de du Guesclin.

      Armes : d'argent, à l'aigle éployée de sable, membrée et becquée de gueules, et couronnée d'or. Couronne de marquis. Devise : DAT VIRTUS, QUOD FORMA NECAT.

      La branche cadette brisait d'une cotice de gueules, brochant sur le tout.

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  • Du Guesclin, qui n'avait point eu d'enfants de Tiphaine Raguenel, sa première femme épousa, en secondes noces, au mois de janvier 1373, Jeanne de Laval, dame de Châtillon et de Tinténiac.

       Ce mariage, qui ne fut pas plus fécond que le premier, fut célébré à Rennes, avec de grandes réjouissances, et à la satisfaction de toute la Bretagne.


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  • Du Guesclin combat l'anglais sur la terre espagnole.

        L'expédition durera cinq ans, au cours desquels Bertrand se couvrira d'honneurs : il est même fait roi de Grenade !

        Pendant ce temps, Tiphaine reste en Bretagne. Les astres lui ont-ils révélé les frasques de son mari ? A-t-elle jamais appris qu'il a deux fils d'une mystérieuse « dame Soria »*, suivante de la reine d'Espagne ?

      La chronique raconte comment celle-ci discuta avec d'autres dames d'honneurs de la première fois qu'elle vit Bertrand : « Etudiant la mine de Bertrand, dont elles avaient tant entendu parler, s'entretinrent sur son chapitre ; l'une d'elles, tout étonnée de son extérieur ingrat et de son air tout disgracié, ne peut s'empêcher de dire :

        - Mon Dieu qu'il est laid ! Est-il possible que cet homme ait acquis dans le monde une si grande réputation ?

        La seconde répondit qu'il ne fallait pas juger des gens sur les apparences et qu'il lui suffisait qu'il fût brave, intrépide, heureux et sortant avec un succès incroyable de toutes les expéditions qu'il entreprenait.

         La troisième enchérit encore sur la seconde, en faisant remarquer aux deux autres qu'il était d'une taille robuste, qu'il avait les poings gros et carrés, qu'il avait la peau noire comme celle d'un sanglier, et qu'on ne devait pas s'étonner s'il en avait la force et le courage. »

         La « Dame de Soria » ayant sa charge à la cour d'Espagne, elle a souvent l'occasion d'y voir Bertrand. c'est ainsi que naît leur idylle.

        Pourtant, le Breton n'oublie pas Tiphaine. Au contraire, il lui envoie tous ses trésors, ses butins, les titres de ses conquêtes. Il est vrai qu'il n'a jamais aimé s'affubler ni de richesses ni de décorations d'aucunes sorte ; mais ces somptueux cadeaux qu'il lui fait expédier à toutes occasions sont une autre façon de lui dire qu'il pense à elle.

        Les mois, les années passent. Un beau jour, cependant, l'Espagne pacifiée, du Guesclin reprend le chemin de la France. Jamais, il ne reverra la mère de ses enfants espagnols.  Il revient à Tiphaine Connétable de France, c'est-à-dire le second personnage du royaume après le roi. Mais qu'importe à Tiphaine d'être comtesse de Longueville, duchesse de Tristamare, reine de Grenade, si c'est être de si long mois loin de son mari !   *Il laissa en Espagne deux bâtards qui lui furent donnés par la "dame de Soria", l'une des suivantes de la reine Jeanne, femme d'Henri II de Castille et dont les descendants sont les actuels marquis de Fuentes.


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  • Bertrand du Guesclin

     


          L'année 1370 allait apporter à Bertrand Du Guesclin en même temps que la reconnaissance royale, un surcroît d'honneurs : Charles V en effet l'élevait à la dignité de Connétable de France. On voit ici Du Guesclin recevoir l'épée de la main du roi.
        Au service du roi Jean le Bon,  il attaque et rançonne les Anglais qui s'aventurent dans la forêt de Brocéliande, en Bretagne du Nord. La guerre de Cent Ans vient de commencer. Bertrand réinvente le harcèlement des troupes par ruses et subterfuges, qu'on appelle aujourd'hui guérilla et qui, de tout temps, sut faire échec aux armées les plus puissantes. Il devient vite la terreur des occupants qui l'ont surnommé « le Dogue noir de Brocéliande ».

        Ces débuts épiques ont mené du Guesclin vers la gloire. A trente-sept ans, le voilà chevalier, seigneur de la Motte Broons, capitaine ... Elles sont loin les années de maquis, mais les Anglais craignent plus que jamais ce petit homme « de grosse et rude taille » dont le nom devient célèbre dans toute la France. Il reste le plus sûr atout du Dauphin (futur Charles V), qui a pris la régence du royaume en l'absence de son père, le roi Jean le Bon, retenu prisonnier à Londres.

        L'Anglais n'accepte de restituer son otage que contre espèces sonnantes et trébuchantes. De plus, il en profite pour accuser Bertrand de trahison et demande un duel, pour le soumettre au jugement de Dieu ... histoire de prouver, par la même que le Breton n'est pas si invincible que cela ! La place du Marché, à Dinan, est alors transformée en champs clos où vont s'affronter les deux adversaires, pour la plus grande joie des populations avoisinantes. On a confiance en Bertrand qui a déjà fait mordre la poussière à tant d'Anglais ... mais cette fois, il a affaire à forte partie : Thomas de Canterbury est renommé pour sa puissance au combat.

        Aussi est-ce avec un rien d'inquiétude que l'on voit pénétrer en lice un Bertrand portant sur son armure la tunique aux couleurs des Du Guesclin : aigle noir à deux têtes sur fond blanc barré d'une diagonale rouge. Les deux chevaliers jettent leurs destriers l'un contre l'autre, et bientôt jaillissent des étincelles dans le fracas des épées contre les armures et les écus. Bertrand tombe à terre, au grand dam de la foule anxieuse ; Sans attendre qu'il se relève, Canterbury pousse son cheval à la charge. Mais le Breton a tout de même eu le temps d'envoyer promener une partie de son lourd harnachement, ce qui le rend plus libre de ses mouvements. Il désarçonne son adversaire qui n'en peut plus, lui ôte son heaume et commence à l'assommer de ses mains gantées de fer. C'en est fini du présomptueux.

        Les années passent : Bertrand n'a pas le temps de s'occuper de lui-même. Plusieurs fois fait prisonnier par les anglais, il a dû payer rançon pour être libéré ; mais il a aussi délivré Rennes, Melun, Ploërmel, ce qui lui vaut d'être nommé gouverneur de Pontorson par le Dauphin. Voilà Du Guesclin seigneur en son château, capitaine souverain pour le duché de Normandie, vassal mais aussi ami personnel du Duc de Bretagne. Et c'est cet ami haut placé qu'il prie d'intervenir pour réaliser son alliance avec Tiphaine Raguenel.

        La famille de la jeune fille est flattée d'une telle demande : voilà où sa bravoure a mené le petit Breton ! Et Tiphaine « au clair visage » se prend à aimer celui qui veut conquérir la gloire pour ses beaux yeux. Mais, dans les semaines qui précèdent son mariage, Bertrand est donné en otage par son suzerain aux Anglais, en gage d'une nouvelle trêve. Bertrand n'accepte qu'à condition d'être libéré au bout d'un mois : il est bien décidé à ne laisser aucun impératif, royal ou pas, empiéter sur sa vie privée. Cependant, le mois écoulé, son geôlier, Guillaume Felton, refuse de le laisser partir. Comme il a tout de même droit aux promenades à cheval, Bertrand en profite un jour pour lancer sa monture au triple galop et ainsi s'échapper. Cette fois, c'est pour lui-même qu'il se hâte : sa bien-aimée l'attend ; il lui tarde de la revoir enfin, celle qui lui est restée fidèle des années durant, sûre qu'elle serait un jour sa femme.

       Les noces sont célébrées en grande magnificence à Dinan, au milieu d'une liesse indescriptible : Bertrand du Guesclin est si populaire ! Toute la noblesse de Bretagne est également présente. Puis Bertrand à Auray doit prêter main forte à son suzerain, le duc de Bretagne. Le résultat ne se fait pas attendre : l'armée est défaite, le duc tué et Bertrand prisonnier après, il est vrai, s'être battu furieusement ; il a tout de même fini par céder aux injonctions de son vainqueur : « Messire Bertrand, au nom de Dieu, rendez-vous ! Vous voyez bien que la journée n'est pas vôtre! »
        Mais, les lois de la chevalerie ont parfois de quoi vous mettre du baume au cœur : en s'engageant sur l'honneur à ne point reprendre le combat que lorsqu'il aura entièrement acquitté sa rançon, Bertrand est mis en liberté provisoire et peut donc rejoindre sa femme à Pontorson.
          l'urne en plomb contenant le coeur de Du Guesclin est placée dans une cavité murale dans la chapelle du Rosaire L'inactivité forcée de son mari aurait pu être une aubaine pour la jeune femme, mais elle a assez de cœur pour ne pas se réjouir trop fort : après tour, il est malheureux de ne pouvoir voler au secours de son roi qui en a pourtant bien besoin. Bertrand est prisonnier en son propre château et, pour Tiphaine, la gloire de son seigneur compte plus que son propre bonheur.


    Finalement, c'est le roi Charles V, le Sage, qui paiera la dette de son fidèle vassal. Un mois plus tard, Bertrand a levé son armée ; il peut donc partir à la conquête de la France. Tiphaine lui donne sa bénédiction : « Sire, par vous ont été faits commencés, et par vous seulement, en nos jours, doit être France recouvrée. »
        Il se trouve en Poitou lorsqu'il apprend qu'elle est morte, dans l'isolement, comme elle a vécu, discrète compagne d'un homme qui était parti à la conquête de la gloire pour que l'on oublie sa laideur. Du Guesclin lui survivra sept ans, volant de victoires en triomphes pour s'éteindre quelques semaines seulement avant son roi, Charles V. Le 13 juillet 1380 à Châteauneuf-de-Randon en Auvergne. Il fut emporté par la maladie pendant le terrible siège de la ville. A l'expiration de la trêve, le gouverneur de la ville vint symboliquement déposer les clefs de la cité sur son cercueil.
       De Tiphaine, Guyard de Berville a dit qu'elle fut une incomparable femme, « dont le plus grand éloge est d'avoir été digne de Bertrand du Guesclin, comme il était le seul digne d'elle. »


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  • Charles V, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

      

      Une fois son père libéré, en octobre 1360, Charles V fut écarté du pouvoir et envoyé dans son duché de Normandie.

       Dans un premier temps, le dauphin se rendit auprès de son oncle l’Empereur germanique Charles IV, qui lui recommanda de s’attaquer en priorité aux grandes compagnies.

     

        En effet, la Normandie était alors frappée par les exactions de ces anciens mercenaires démobilisés, qui pillaient et rançonnaient la région, sous la bannière du roi d’Angleterre ou de Navarre.

     

        A cette époque, le mercenaire Jean Jouël, installé dans la forteresse de Rolleboise, rançonnait la Seine pour le compte d’Edouard III. Charles V décida alors de la racheter, et la détruisit peu de temps après par mesure de précaution.

     

        Par la suite, le dauphin, grâce à l’argent des impôts, parvint à mettre en place une petite flotte de guerre, destinée à protéger le commerce entre Paris et Rouen.

     

        Cependant, les compagnies n’étaient pas les seules à entretenir les troubles sur le continent. En effet, Charles le Mauvais continuait de lutter contre les Valois (il n’acceptait pas d’avoir été dépossédé du duché de Bourgogne par Jean II.).

     

        Le Navarrais possédait alors les places fortes de Mantes, Meulan et Vernon, situées en aval de la Seine. De ce fait, Charles le Mauvais pouvait instaurer des droits de péage à sa guise, afin de perturber considérablement le commerce vers la capitale.

     

        Charles V décida alors de réagir, confisquant les territoires du Navarrais en Normandie, et confia au breton Bertrand du Guesclin (nommé lieutenant de Normandie.) la tâche de rendre la sentence exécutoire. 

     


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  •  Le connétable Bertrand peut s'enorgueillir, à titre posthume d'être sans nul doute le seul défunt du monde à posséder quatre tombeaux. Non quatre tombeaux successifs mais quatre résidences effectives pareillement authentiques.
        Il avait eu la mauvaise idée de mourir à la mi-juillet, au temps des fortes chaleurs, après avoir exprimé le désir d'être enseveli à Dinan en Bretagne. Cela posa des problèmes d'embaumement.
        A Chateauneuf-de-Randan (Lozère), on laissa mariner le corps selon une recette rudimentaire, quelques heures dans le vinaigre. Ensuite on fréta une voiture et on le mit en route dans son cercueil de chêne, encadré par ses chevaliers qui le pleuraient comme un père. C'était la saison, où comme disent les crémiers la marchandise tourne vite. Après dix heures de voyage quand on atteignit Le Puy il fallut bien se rendre compte d'une chose : en dépit du vinaigre le connétable sentait. Il sentait même très fort. On le déposa dans l'église des Jacobins et beaucoup d'habitants, informés de son passage, vinrent rendre hommage au grand capitaine.

        Au Puy le corps est embaumé, . A Montferrand, l'embaumement se révèle insuffisant : il faut faire bouillir les chairs pour les détacher des os et les ensevelir dans l'église . Au Mans, qu'on gagne par voie d'eau, un officier du roi apporte l'ordre de conduire le corps à St-Denis : le squelette lui est alors remis.

        Le lendemain matin, les moines constatèrent qu'il ne pouvait continuer son voyage sans de nouveaux assaisonnements. On le sortit donc de son emballage, on le coucha sur une table, on l'ouvrit proprement à la manière d'un poisson, le cœur fut placé dans une boîte de plomb la Ventrada scellée en une cavité pratiquée dans la muraille de la chapelle consacrée à Ste Anne. les entrailles sont prélevées et enterrées dans l'église des Jacobins, aujourd'hui St Laurent. C'est là son premier tombeau. On peut le voir en gisant, les mains jointes, couvert de son armure, moins le casque qu'on ne donnait qu'aux guerriers tombés sur le champ de bataille, avec cette épitaphe :
    "Ci-gist honorable et vaillant messire Bertrand CLAIKIN, comte de Longueville, jadis connétable de France qui trépassa l'an MCCCLXXX, le XIIIème jour de juillet".Les consuls du Puy le régalèrent d'un service magnifique dans lequel 25O torches brûlèrent durant toute la cérémonie. La bière était couverte d'un drap d'or bordé de noir et brodé de ses armes. Un maître en théologie du collège prononça son oraison funèbre.

        Le lendemain, le cercueil se mit en route. Il fallut deux jours pour atteindre Montferrand par un temps orageux qui n'arrangeait pas les choses. Le duc de Berry avait ordonné aux consuls, notables, moines et abbés montferrandais de rendre à la glorieuse dépouille tous les honneurs qui lui étaient dus. Une procession interminable de religieux, civils, hommes d'armes alla attendre le convoi funèbre sur la route d'Issoire et elle l'accompagna chez les frères mineurs. Et là, une fois encore il fallut reconnaître une terrible évidence : Les assaisonnements du Puy n'avaient pas résolu le problème et Bertrand Du Guesclin puait plus que jamais.

    On décida donc de recourir aux grands moyens. Les cordeliers retroussent leurs manches, prennent dans la cuisine le plus vaste de leur chaudron, le remplissent d'eau à mi-hauteur et le mettent sur le feu. Se bouchant le nez ils s'efforcent ensuite d'y introduire le cadavre. Les chairs en sont flasques et noirâtres, mais les articulations bloquées, les membres raides sont comme des morceaux de bois. On arriva enfin à faire bouillir le cadavre, (avec des choux ? me demanda un plaisantin dans le car !) on enleva des os toutes les chairs qui furent ensuite inhumées dans l'église des Cordeliers détruite en 1793 par les révolutionnaires qui dispersèrent les cendres du connétable. Tel fut le second tombeau dans l'église des Cordeliers. Ce qui restait - les os seuls- réintégra la caisse trop grande. On boucha les vides avec de la laine. Puis le convoi reprit la direction de la Bretagne, honoré en tous lieux par des processions de gens en larmes.

        Au Mans, arriva une lettre du roi ordonnant que le connétable fut enterré à St-Denis au pied du tombeau préparé pour lui-même comme s'il eut été son propre fils. .Et ce fut la troisième sépulture de messire Bertrand. Charles V ne le laissa pas longtemps seul. Quelques jours plus tard il le rejoignit dans la basilique.
    Quant au coeur, dans sa boîte de plomb, il fut transporté à Dinan en l'église des Jacobin, aujourd'hui église Saint-Sauveur . Et ce fut le quatrième tombeau.

        Alors que les rois de France n'avaient que trois tombeaux (coeur, entrailles, corps) Du Guesclin, eut donc quatre monuments funéraires, dont deux avec des gisants : l'un au Puy représentant le connétable avec la barbe qu'il devait porter au moment de sa mort et l'autre à St-Denis où il montre un visage imberbe.

        Note sur la sculpture funéraire au 14è s. Elle prend un développement prodigieux favorisé par l'usage qui se répand à cette époque chez les rois et les princes. Ils ne se contentent plus d'un seul tombeau mais s'offrent le luxe d'une triple répartition : l'une pour le corps, la seconde pour le coeur, la troisième pour les entrailles. Les dépouilles funèbres ainsi loties étaient partagées, entre plusieurs églises ou couvents auxquels le défunt voulait laisser un souvenir. Les sépultures viscérales se reconnaissaient aisément au fait que le gisant presse sur sa poitrine un sachet en peau de daim servant de gaine à ses entrailles.


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  • Devant les plaintes réitérées des parents, il ne reste qu'une issue : isoler Bertrand dans l'une des tourelles du manoir.

    Sa dernière incartade est si grave qu'il est consigné quatre mois durant sans recevoir d'autre visite que celle de la chambrière chargée de lui apporter ses repas quotidiens.

    Mais la solitude lui est si pesante qu'un soir, dissimulé derrière la porte de sa "geôle", il guette l'arrivée de la servante, bondit sur elle, lui arrache la clé, l'enferme à double tour, puis, dévalant l'escalier, se faufile dans la campagne sans se faire remarquer. Non loin de là, un homme de peine de son père est occupé à labourer à l'aide d'une charrue tirée par deux chevaux. Bertrand s'approche, se jette sur l'attelage, détache une des juments, l'enfourche, talonne vigoureusement la bête, galopant ainsi d'une traite jusqu'à Rennes, sans selle ni brides, sur un cheval déferré, dans l'espoir d'être reçu chez son oncle Bertrand du Guesclin, Seigneur de Vauruzé. Lorsque sa tante, Tomasse Le Blanc, voit arriver cet énergumène crotté, fourbu, juché sur une jument de labour, elle manque défaillir. Comprenant que son neveu vient de commettre quelque vilaine escapade, elle lui réserve un accueil plutôt glacial. Sans doute, même, l'eut-elle renvoyé à la rue dès le lendemain, après de sévères remontrances, si le Seigneur de Vauruzé n'était intervenu en sa faveur. Celui-ci a écouté Bertrand avec un sourire indulgent.

    – Il faut bien que jeunesse se passe, dit-il, en se tournant vers dame Tomasse. Ces folies cesseront avec l'âge, et je trouverais bon qu'il demeure auprès de nous pour en faire mon élève. Ce Bertrand a tant de flamme qu'il peut devenir un grand capitaine si on le laisse suivre le penchant qu'il a pour les armes.

    Il en est ainsi fait. Tandis que dame Tomasse s'efforce de canaliser la prodigieuse énergie de son neveu en direction du bien, le Seigneur de Vauruzé l'initie au maniement des armes et l'entraîne dans de harassantes chevauchées qui tannent les fesses et trempent la volonté.

    Jamais élève ne fut aussi attentif à de semblables études !

    Bertrand va demeurer près d’un an chez son oncle et sa tante. A aucun moment, il ne leur causera de désagrément, tant est grande sa reconnaissance. C’est en effet, la première fois qu’on s’occupe de lui avec tant de bonté.


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  •      La miniature ci-dessus, tirée des "Croniques" de Le Baud, a trait à un événement de 1375 et à une forteresse de Bretagne aux mains des Anglais, Derval en pays Nantais. On y voit, à droite Du Guesclin qui fait décapiter trois otages. En représailles, le capitaine anglais Robert Knolles, qui refuse de rendre la place au jour dit, fait exécuter trois prisonniers au sommet des murs et précipiter les corps dans les douves. Du Guesclin leva alors le siège. Chargé de réduire tous les châteaux forts de Bretagne, il n'échoua que deux fois: ici et à Brest.


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  • Bertrand du Guesclin ne peut supporter de voir sa Bretagne offerte en pâture aux soudoyers Anglais. Ecuyer sans fortune, prisonnier de la trêve, encouragé peut-être en sous-main par Jeanne de Penthièvre, il poursuit dans la clandestinité une guerre de partisans.

    C’est ainsi qu’entouré d’une soixantaine de compagnons, il sévit dans la forêt de Brocéliande. Cette forêt, il la connaît bien. Enfant, déjà, il s’y faufilait, intrépide, avec quelques garnements de la Motte-Broons. Ses compagnons, il ne les a pas choisis fortunés. Ce ne sont pas là chevaliers ou écuyers; comment les paierait-il ? Non, ce sont d’humbles paysans, amis d’enfance pour la plupart, habitué à se contenter de peu.

    Ils vénèrent leur chef et détestent l’Anglais, mais quelque monnaie tintant dans leur escarcelle est de nature à maintenir le moral des troupes.

    Comment se procurer de l’argent ?

    Un jour, Bertrand chevauche une robuste jument habituée aux âpres travaux des champs. Suspendue au coup du jeune breton, une hache énorme; à sa taille une lourde épée et une taloche, bouclier de ce temps. Derrière lui, essoufflé, trottine Orriz, son valet.

    – Sire, proteste celui-ci, sachez que je n’irai pas à pied bien longtemps. Si je n’ai pas sans tarder un cheval, un mulet ou une jument, je vous quitterai sans cérémonie.

    – Paix, réplique Bertrand en arrêtant sa monture pour mieux tendre l’oreille. Je te jure que si je ne meure pas, tu auras brièvement un cheval.

    Habitué à la forêt, il a entendu, venus de loin, des bruits de sabots et des cliquetis d’armures. Trois cavaliers apparaissent bientôt devant lui. A son équipement, Bertrand reconnaît un chevalier anglais, armé de pied en cap. Un écuyer le suit, tandis qu’un valet, juché sur une bête de somme chargée de bagages ferme la marche.

    Trois contre deux ! Bertrand n’hésite pas. Il se fait reconnaître. Eperonnant sa monture, le chevalier court sur le breton, lance baissée. Bertrand esquive l’assaut. Sa hache tranche l’espace, sépare la lance en deux tronçons et se relève vivement pour s’écraser sur le bassinet de l’anglais qui vide les étriers et s’écroule sur le sol, étourdi.

    Voyant son maître en danger, l’écuyer se jette à son tour sur Bertrand qui a mis pied à terre et esquive une fois encore. Un coup de hache sectionne le bras de l’écuyer; un second fracasse la tête du cheval, un troisième décolle le chef de son infortuné adversaire.

    S’approchant du chevalier, toujours étourdi sur le sol, il l’achève, sans plus de façon, d’un magistral coup d’épée dans la poitrine.

    S’avisant alors que le valet, aux prises avec Orriz, cherche à fuir sur son cheval de somme, il enfourche le destrier du mort, rattrape le fuyard, lui fend le crâne et s’approprie le butin qu’il s’efforçait de sauver.

    Sans un regard pour celui qu’il vient d’éliminer, Bertrand chausse les éperons d’ors fins du chevalier, revêt son armure puis, chevauchant leurs nouvelles montures, les deux hommes s’éloignent au galop, emmenant avec eux leur trésor de guerre.

    En le voyant revenir chargé d’argent et de bijoux, ses compagnons acclament du Guesclin avec enthousiasme. Les voilà pour un temps à l’abri du besoin. Ils vont pouvoir rajeunir leurs armes, leurs cottes de maille, envisager peut-être de plus éclatants combats.


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  •   Un obscur petit baron breton nous est présenté par les manuels scolaires comme un grand militaire ayant eu de la promotion à cause de ses hauts faits de guerre. Le Roi l'a nommé Connétable (1370), le plus haut grade militaire correspondant à Général en chef des Armées de l'époque. Ce n'est pas rien... Puis, la politique a repris la place. On a renvoyé le Connétable dans ses foyers bretons et démobilisé les hommes de troupe. Ce sont eux qui, désoeuvrés, vont constituer les trop fameuses bandes armées qu'on appelle les "Grandes Compagnies" et qu'on nous présente comme des soudards et des brigands qui pillaient les campagnes de France, attaquant châteaux et domaines seigneuriaux.

        Comme notre Connétable de Bertrand s'ennuyait ferme en Bretagne, et que les grandes compagnies dérangeaient le paysage politique, on eut l'idée de demander à Du Guesclin de les chasser du pays. Ce qu'il s'empressa de faire, mais bizarrement, pas du tout de la manière brutale qu'on lui attribue un peu facilement. Il négocia avec les chefs, prit leur tête et les emmena jusqu'en Provence, en Languedoc et pour finir en Espagne !

       Là, il manqua de chance et fut fait prisonnier par Pierre de Castille, en lutte contre Henri de Trastamarre. Mais ce dernier ne savait à quel hauteur fixer la rançon du héros français. C'est donc le rançonné, Du Guesclin, qui la fixa DE LUI-MÊME à une hauteur énorme, estimée, nous fait-on ordinairement valoir, en proportion de sa vanité !...

         Voilà une manière bien étrange de considérer un personnage qui force l'admiration quant à son courage militaire mais qui déçoit énormément sur le plan humain par sa vanité incroyable ! Il ne m'était pas vraiment sympathique depuis mon enfance à cause de cela, jusqu'à ce qu'un passage d'un livre de Fabré-Palaprat, auteur d'un "Manuel des chevaliers du Temple" (et initiateur d'un ordre néo templier sous Napoléon) fasse que, d'un coup, ma perspective a changé : ***    Ç a, c'était la présentation habituelle des évènements... Celle que les hagiographes attitrés des princes régnant depuis cette époque nous ont léguée, c'est-à-dire celle qui arrangeait leurs maîtres.
    Voici la mienne ! Ce n'est qu'une hypothèse bien sûr puisque les récits officiels ne la confirment pas et pour cause... Pourtant...
    On peut se poser des questions... Beaucoup de questions !... Car ce comportement vaniteux ne "cadre" pas avec le personnage ni avec ses actions. Et s'il y avait une autre explication ? Un autre angle de vision ?

        D'après Bernard Fabré-Palaprat ("Manuel des chevaliers de l'Ordre du Temple", et si on peut se fier à son tableau), Bertrand Du Guesclin était LE Grand-Maître du Temple, Ordre subsistant clandestinement en France un demi-siècle après son abolition officielle par Philippe le Bel et Clément V (mais rétabli complètement dès le pape suivant partout ailleurs). Cet Ordre du Temple perdurait donc tout à fait ouvertement en Espagne et au Portugal par exemple sous des noms voisins ou encore en Ecosse, en Italie, en Autriche, etc...

        S'il est vrai que Du Guesclin fut le Maître du Temple, ça signifie que les templiers avaient pris le parti français, contre l'Anglais, dans cette "Guerre de cent ans". (De nombreuses sources mentionnent cette possibilité évoquée également dans la tablée 15 sur Jeanne d'Arc). Dans cette hypothèse, les troupes qui le suivaient étaient sans doute commandées par des capitaines eux-mêmes souvent cadets de familles nobles et probablement templiers ou sympathisants.
        Or quand la compromission politique reprit le pas sur la lutte contre l'Anglais et que le Connétable fut renvoyé dans sa baronnie, ces troupes furent livrées à elles-mêmes, leur Chef charismatique n'étant plus là... Peut-être n'étaient elles pas d'accord avec la tournure politique des choses ? En tous cas, elles se montraient parfaitement insensibles aux ordonnances royales (1373 et 1374) !
    Quand on demande à Bertrand de les chasser hors du royaume, il ne les "chasse" pas ! Etrange !... Alors qu'il a déjà été "victime d'un rançonnage" (?) en 1360 de la part de ces "routiers", il négocie avec les chefs et se met à leur tête pour les emmener jusqu'en Espagne. En Espagne où, comme on vient de le voir, les templiers vivaient au plein jour... N'y avait-il pas une connivence cachée entre elles et Du Guesclin et n'est-ce pas proprement incroyable autrement ?

        Quels arguments employa-t-il pour parvenir à les raisonner ? Comment ces "Grandes Compagnies" tant redoutées accèptèrent elles de suivre si docilement Du Guesclin pour aller combattre avec lui en Espagne pour Henri de Trastamarre contre Pierre 1er (lequel avait passé une alliance avec le "Prince Noir" d'Aquitaine (anglais) ? L'influence templière est encore là, bien présente au XIVe siècle !... N'aurait-ce point été là la véritable raison de leur soumission sans combat à Bertrand ?

       Quant à la rançon fabuleuse énoncée par Bertrand lui-même à son aimable géolier espagnol Pierre 1er le Cruel, vue dans cette optique, il pourrait bien s'agir de toute autre chose...
       Comment un homme connaissant aussi bien la terre et la pauvreté des provinces de l'époque, les famines qui y régnaient régulièrement depuis la disparition des domaines du Temple, comment aurait-il pu exiger du royaume une somme aussi démesurée pour satisfaire son orgueil ? N'est-ce pas là une chose qui choque venant d'un tel héros ? Pourtant, c'est bien ce qu'on explique à nos chères têtes blondes des cours moyen 2e année, qui se forgent du coup une idée très péjorative de notre héros national, orgueilleux et vaniteux comme on n'imagine pas...
        Le plus incohérent dans ce raisonnement, c'est que le peuple cotise, se mobilise pour payer la rançon du héros... Il n'aurait pas fait ça pour son roi ! Encore moins pour un homme qu'il n'aurait pas eu en grande estime. On est donc obligé de se poser des questions...
      Le peuple aurait-il tellement aimé un homme vaniteux et orgueilleux ? Le peuple n'est pas fou. Les gens sentent ces choses là, même sans rien comprendre à la politique, et nos ancêtres n'étaient pas moins intelligents que nous. Moins informés peut-être...
      A moins que...
       A moins que contrairement à la légende dorée ce ne fut pas le peuple qui fournit les fonds ?... Ou pas QUE le peuple ?... En tous cas, au moins la deuxième fois, Du Guesclin paya officiellement de ses deniers en revendant pour cela le Duché de Trastamarre que lui avait donné Henri de Trastamarre, roi de Castille (lequel s'empressera de le lui remplacer par la suite par celui de Molina)...
       Etait-ce donc vraiment une rançon ?... Supposons que ce soit autre chose... Un transfert de fonds, oui ! Mais un transfert déguisé sous le prétexte d'une rançon !... Une manière habile, et bien dans la manière de l'homme extrêmement rusé qu'il était, de transférer des fonds vers l'Espagne sans éveiller l'attention sur la réelle nature du transfert... Alors, l'hypothèse d'un "Du Guesclin Grand-Maître du Temple" pourrait bien apporter une toute autre explication !...

        Le "Trésor du Temple" serait-il en Espagne ou ailleurs sur le chemin, hors de la France du XIVe siècle ?... Le Languedoc de cette époque touchait à l'Aragon, dont le Roussillon et la Catalogne dépendaient. 


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