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Apprentissage des armes
Devant les plaintes réitérées des parents, il ne reste qu'une issue : isoler Bertrand dans l'une des tourelles du manoir.
Sa dernière incartade est si grave qu'il est consigné quatre mois durant sans recevoir d'autre visite que celle de la chambrière chargée de lui apporter ses repas quotidiens.
Mais la solitude lui est si pesante qu'un soir, dissimulé derrière la porte de sa "geôle", il guette l'arrivée de la servante, bondit sur elle, lui arrache la clé, l'enferme à double tour, puis, dévalant l'escalier, se faufile dans la campagne sans se faire remarquer. Non loin de là, un homme de peine de son père est occupé à labourer à l'aide d'une charrue tirée par deux chevaux. Bertrand s'approche, se jette sur l'attelage, détache une des juments, l'enfourche, talonne vigoureusement la bête, galopant ainsi d'une traite jusqu'à Rennes, sans selle ni brides, sur un cheval déferré, dans l'espoir d'être reçu chez son oncle Bertrand du Guesclin, Seigneur de Vauruzé. Lorsque sa tante, Tomasse Le Blanc, voit arriver cet énergumène crotté, fourbu, juché sur une jument de labour, elle manque défaillir. Comprenant que son neveu vient de commettre quelque vilaine escapade, elle lui réserve un accueil plutôt glacial. Sans doute, même, l'eut-elle renvoyé à la rue dès le lendemain, après de sévères remontrances, si le Seigneur de Vauruzé n'était intervenu en sa faveur. Celui-ci a écouté Bertrand avec un sourire indulgent.
– Il faut bien que jeunesse se passe, dit-il, en se tournant vers dame Tomasse. Ces folies cesseront avec l'âge, et je trouverais bon qu'il demeure auprès de nous pour en faire mon élève. Ce Bertrand a tant de flamme qu'il peut devenir un grand capitaine si on le laisse suivre le penchant qu'il a pour les armes.
Il en est ainsi fait. Tandis que dame Tomasse s'efforce de canaliser la prodigieuse énergie de son neveu en direction du bien, le Seigneur de Vauruzé l'initie au maniement des armes et l'entraîne dans de harassantes chevauchées qui tannent les fesses et trempent la volonté.
Jamais élève ne fut aussi attentif à de semblables études !
Bertrand va demeurer près d’un an chez son oncle et sa tante. A aucun moment, il ne leur causera de désagrément, tant est grande sa reconnaissance. C’est en effet, la première fois qu’on s’occupe de lui avec tant de bonté.
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