mars 2008 237 p. 25 €
Bertrand du Guesclin et Jean Froissart sont à peu près contemporains. Le premier, petit noble breton né en 1320, devint connétable de France et chef des armées royales. Ce guerrier aussi doué pour la propagande que pour la bataille s'acquit, de son vivant et après sa mort en 1380, une renommée telle qu'il fit figure de dixième Preux. Le Valenciennois Jean Froissart, né en 1337, clerc fils de marchands, choisit la carrière d'homme de lettres, s'attelant à une grande histoire des guerres de France et d'Angleterre advenues en son temps, où il mit en valeur les prouesses des preux, espérant par là atteindre à une renommée comparable à la leur, en quoi il réussit puisque son œuvre n'a cessé d'être éditée et exploitée depuis plus de six siècles. Du Guesclin et Froissart, chacun dans son domaine, furent les premiers à vouloir se faire un nom, alors qu'ils sortaient de presque rien. Il fallait que la société, en ce XIVe siècle, eût bien changé pour qu'ils y soient parvenus. C'est ce qu'expose Bernard Guenée, après avoir examiné soigneusement les termes par lesquels se dit la renommée : opinion, réputation, notabilité, gloire... Dans une admirable leçon d'histoire médiévale, il fait dialoguer les mots et les choses, les images et les réalités, le chevalier et le chroniqueur, du Guesclin et Froissart.