• Un seigneur de bonne noblesse

    Bertrand Du Guesclin, né vers 1319, ne fut pas un petit hobereau de second rang, mais le chef d’un lignage  prestigieux et riche. Au début du XIVe siècle, à une époque où l’adoubement était un luxe ruineux, tous les Du Guesclin, mêmes les cadets, le furent. Bertrand hérita de deux fiefs considérables : Broons, lui venant de son père et relevant de la seigneurie de Dinan, et Sens, dépendante de la terre de Fougères, et qui avait appartenu à sa mère, une Malesmains, issue d’une grande famille normande. Du Guesclin, comme il était de son devoir de seigneur et de chef de famille, s’occupa toujours de ses vassaux et de sa parenté – qui l’accompagnèrent dans son ascension et dans ses guerres –, les couvrant de biens et de fiefs.

     

    Un vassal fidèle

    Toute sa vie, il accomplit ses devoirs vassaliques, surtout envers Jeanne de Penthièvre, héritière non seulement des Avaugour, seigneurs de Dinan, mais aussi du duché de Bretagne. Tous les contrats de guerre qu’il scellera comporteront une clause restrictive : à son appel, il quittait tout pour aller combattre pour elle. Pour Du Guesclin et la presque totalité de l’aristocratie bretonne, elle fut constamment la duchesse de Bretagne et Jean de Montfort n’était qu’un usurpateur. Du Guesclin était pour Jeanne son chef de guerre, succédant ainsi à deux membres de son réseau parental, Rolland de Dinan-Montafilant (1341-1349) et le héros du Combat des Trente, Jean de Beaumanoir (1349-1355).

     

    Le chef de guerre

    Du Guesclin sortit réellement de l’ombre en 1354 à Pontorson dont il sera le capitaine toute sa vie. Cette place forte du duc d’Orléans, frère du roi Jean II, commandait l’entrée du Nord-Est de la Bretagne et permettait ainsi non seulement de surveiller Mayenne et Dinan appartenant à Jeanne de Penthièvre mais aussi Fougères, dont le seigneur était le comte d’Alençon, cousin du roi. Ce sont ces seigneurs, mais aussi les gendres de Jeanne de Penthièvre, Charles de La Cerda, connétable de France et favori du roi Jean II, et le fils de ce dernier, Louis, duc d’Anjou, qui imposèrent Du Guesclin comme chef de guerre en Normandie où il fit merveille contre les Anglo-Navarrais (mai 1364 victoire de Cocherel). Le nouveau roi Charles V le paya en lui donnant le comté de Longueville à charge pour lui de le conquérir. Du Guesclin combattit à la défaite d’Auray où il avait été appelé par Charles de Blois, mari de Jeanne, qui y trouva la mort (29 septembre 1364). Prisonnier des Anglais, ce sont ses seigneurs qui payèrent sa rançon.

    Libéré, il suivit les directives du duc d’Anjou devenu le défenseur des intérêts de sa belle-mère, Jeanne de Penthièvre. Il partit alors pour l’Espagne et plaça sur le trône de Castille l’allié du duc d’Anjou, Henri de Trastamare. Il s’y constitua un territoire assez grand entre son comté de Borja et son duché de Molina pour accueillir ses Bretons qui y reçurent terres et châteaux. Ce fut à l’instigation de Louis d’Anjou que le roi Charles V le nomma connétable de France (2 octobre 1370), c’est-à-dire chef de toutes les armées royales. La situation était grave. Une grande offensive anglaise avait commencé en France. Force est de constater que Du Guesclin défendit en priorité les biens de ses seigneurs et de leurs alliés, ceux du roi venant en second.

     

    Du Guesclin et l’Affaire de Bretagne

    En 1373, il chassa le duc Jean IV et ses alliés anglais de Bretagne. Mais le roi Charles V ne rendit pas la Bretagne à Jeanne. Pendant cinq ans, Du Guesclin agit en Bretagne comme gouverneur sans le titre. En décembre 1378, le roi de France annexa purement et simplement la Bretagne à son royaume. De Pontorson, Du Guesclin observa les mouvements de ses vassaux, parents, amis, compagnons de guerre qui avaient formé une Ligue pour empêcher l’annexion. Alors qu’il disposait de troupes considérables, il laissa Jean IV, appelé d’Angleterre par cette Ligue, débarquer dans l’estuaire de la Rance (10 août 1379). Il est vrai que Jeanne de Penthièvre avait accepté ce retour. Charles V fut si mécontent que Du Guesclin aurait voulu lui rendre son épée de connétable. Mais le duc d’Anjou s’y opposa. Du Guesclin repartit en guerre et mourut de maladie le 13 juillet 1380 lors du siège de Châteauneuf-de-Randon.

    L’échec d’une stratégie

    Pour conclure, force est de remarquer que Du Guesclin demeura fidèle toute sa vie non seulement à Jeanne de Penthièvre et à sa famille, mais aussi à ses amis et vassaux. Et pour la Bretagne ? Il y chassa les Anglais qui la pillaient. En 1378, alors qu’il disposait d’une force de frappe inégalée, il n’intervint pas, laissant le duc Jean IV, souverain anglophile, se réinstaller sur le trône breton. Il est vrai que pour lui comme pour les autres seigneurs bretons, l’annexion de la Bretagne au Domaine royal signifiait devenir vassal direct du roi Charles V et ainsi avoir l’obligation de combattre gratuitement pour ce roi. Et puis il suffisait de laisser faire la nature : Jean IV n’ayant pas d’enfant, selon le premier traité de Guérande sa seule héritière était Jeanne de Penthièvre. À la mort de ce duc, tôt ou tard, le roi de France serait contraint d’accepter le retour de la duchesse sur son trône breton. Mais ce plan échoua car Jean IV eut une descendance, les ducs Montforts, qui firent en sorte de faire passer le champion de Jeanne pour un traître à la Bretagne.



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  • 2015, 336 pages, Presses Universitaires de Rennes, 39 euros

    Loin d’être de simples représentations, les images de du Guesclin permettent de mesurer la manière dont évolue la perception du personnage à travers les siècles et comment se construit un imaginaire collectif. À travers la glorification ou le rejet de du Guesclin, que montre-t-on de la société, des valeurs du temps ? Véritable passerelle entre art, patrimoine et histoire, ces images portent la signature d’une époque et d’une mentalité. Elles révèlent finalement l’extraordinaire modernité du Moyen Âge.


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  • Bertrand Duguesclin, entre le lys et l'hermine

    2015, 120 pages

    Synthèse de la vie de Bertrand du Guesclin, remarqué assez jeune par sa force et son habileté dans les exercices physiques, par sa bravoure lors des guerres que se livrent Charles de Blois et les comtes de Montfort, puis lors de la guerre de Cent Ans. A sa mort, sa renommée se répand grâce au poème du trouvère Cuvelier.


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  • 2015, 523 pages, ed. Perrin, 25 euros

    Petit noble d'origine bretonne, Bertrand Du Guesclin offre un exemple remarquable de sauveur improbable. Progressivement révélé par ses coups de main en Brocéliande, ses exploits héroïcomiques sur les remparts de Melun, sa victoire de Cocherel et son aventure espagnole, il est le " bon connétable " qui bouta les Anglais hors de France.


    Mais au-delà des images d'Epinal maintes fois ressassées, est-on sûr de connaître Bertrand Du Guesclin ? Il est aussi l'enfant d'une période agitée, parcourue par la Peste noire et la guerre, emplie de morts mais propice aux ascensions fulgurantes et qui donnera naissance à l'Etat moderne.


    Les recherches modernes permettent de mieux saisir le personnage dans son époque, de l'observer se mouvoir au sein de puissants réseaux de fidélité et de protection, de le deviner avide de gloire et soigneux de sa renommée. Jusqu'à tordre les faits pour mieux la fabriquer ? D'autres s'en chargeront. Du Guesclin est en définitive un personnage multiple et façonné par les sources, dépassé dès son vivant par sa propre légende, et que certains textes érigeront, dès sa mort, en concurrent du roi.


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  • 2015, 101 pages

     

     


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  • Du Guesclin : Les aventures d'un chevalier

    2014, 200 pages

    Voici le trépidant apprentissage d'un chevalier au Moyen Age, ou comment un vrai garnement est devenu un courageux chef de guerre à force de ruse, de courage et de détermination. Nous sommes en 1326, au manoir de la Motte-Broon, en Bretagne. Bertrand du Guesclin a 6 ans. Il est l'aîné d'une fratrie de dix enfants et devrait donc hériter du domaine familial. Mais le petit garçon est si laid, si désobéissant et si bagarreur que ses parents ne jugent pas même utile de l'envoyer à l'école. Livré à lui-même, le petit Bertrand passe son temps à batailler avec les paysans de son âge. Mais un jour, au coeur de la forêt de Brocéliande, il rencontre un vieil ermite qui va lui redonner confiance en lui. Impressionné par la force et l'habileté du jeune garçon, le vieil homme accepte de lui enseigner en secret les valeurs de la chevalerie et le maniement des armes. Le destin de Du Guesclin est lancé. Sa volonté à toute épreuve, sa bravoure et le soutien de ses amis d'enfance, auquel il est resté fidèle, vont faire le reste. Alors que la guerre de Cent ans fait rage, Du Guesclin multiplie les prouesses, gagne ses galons de chevalier, et même le coeur de sa belle...

     


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  • 2013, 176 pages, 18 euros

    Avec une maîtrise certaine dans l'art de raconter l'histoire, Jacques de Certaines entreprend de restaurer la mémoire de Jean de Vienne, injustement resté dans l'ombre de Bertrand du Guesclin, bien qu'on lui doive l'organisation de ce qui sera la Marine nationale. Une biographie croisée recommandée aux amateurs d'histoire.

    Jean de Vienne, amiral de France, et Bertrand du Guesclin, connétable, sont contemporains, ont combattu parfois ensemble pendant la guerre de Cent Ans, mais sont aussi différents que deux grands chefs de guerre peuvent l’être. Si le terrien du Guesclin a su construire une renommée qui n’a fait qu’amplifier après sa mort, le marin Jean de Vienne est resté pratiquement inconnu. Et pourtant, du Guesclin aurait-il obtenu ses glorieux succès contre les Anglais si Jean de Vienne n’avait gagné la suprématie sur la Manche ? Est-il légitime d’ignorer cet amiral qui fut le premier à organiser une véritable flotte de guerre pour le royaume de France ? L’histoire, reconstruite en fonction des idéologies successives, a glorifié Bertrand du Guesclin et ignoré Jean de Vienne. Il est temps aujourd’hui de restaurer la mémoire de celui qui doit être considéré comme le premier fondateur de ce qui deviendra la Royale puis notre Marine nationale.

     


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  • Un musée retrace l'ensemble du parcours du Connétable, mort en Lozère en 1380 La guerre de 100 ans fait rage depuis six décennies déjà. Nous sommes en 1380, Bertrand Du Guesclin décide d'assiéger Châteauneuf-de-Randon, où des Anglais se trouvent retranchés avec des "routiers", ces compagnies de mercenaires redoutées de la population. Du Guesclin le Connétable, c'est-à-dire commandant de l'armée du roi, s'installe alors à l'Habitarelle.

    Le gouverneur anglais promet de se rendre, si la ville n'est pas secourue sous quinze jours. La stratégie de Du Guesclin : affaiblir l'adversaire en le privant de ravitaillement plutôt qu

    e d'attaquer de front. Dans le cas de Châteauneuf- de-Randon, ce n'est pas l'eau qui peut manquer. La géologie du territoire a permis de creuser des puits qui existent dans la ville. Mais c'est plutôt la nourriture qui risque de faire défaut aux habitants. Mais une forte fièvre terrasse le Connétable. Des documents d'époque indiquent qu'il est mort de congestion pulmonaire, après avoir bu l'eau glacée d'une source. À la fin des 15 jours, le gouverneur vient déposer les clefs de la ville sur son cercueil. Un morceau d'Histoire contée, en détail, au musée Du Guesclin à Châteauneuf- de-Randon,

    gérée par une association historique

    . Située dans le bâtiment de la mairie, le musée permet de retracer l'ensemble du parcours du commandant de l'armée du roi et de replonger le personnage dans le contexte guerrier de l'époque. Les visiteurs peuvent découvrir des costumes médiévaux, une armure, un gisant.

    Le musée est ouvert depuis 1980, année de commémoration du sixième centenaire de la mort de Du Guesclin. «

    Des passionnés ou des curieux font régulièrement le déplacement. Les plus belles années, nous avons eu 4 000 visiteurs », indique Pierre Bessière, le maire de

    Châteauneuf-de-Randon. Mais l'élu a un regret : «

    Dommage que dans les livres d'école, on ne parle plus de lui... Cela fait partie de notre histoire. » Cet hiver, le musée sera rénové, la muséographie rafraîchie. Plus que jamais le village est attaché à ce bout d'Histoire, un des deux hôtels de la commune porte aujourd'hui son nom. On disait de lui : « Il faisait la meilleure guerre, rançonnait courtoisement et se montrait toujours sûr en paroles de paix et de trêve... » C'est le hasard de l'Histoire qui aura lié à jamais la Lozère au Connétable.Sylvain LABLANQUIE

    Le musée Du Guesclin est ouvert tous les jours de l'été, de 10 h à 12 h et de 14 h 30 à 18 h 30. Entrée Libre. Renseignements au 04 66 47 99 52. Des panneaux explicatifs permettent de comprendre le rôle de Du Guesclin dans la guerre de 100 ans.


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  • Bertrand du Guesclin, 1320-1380 ( Majorie Stella Coryn)

    1979     318 p.     4,57 € (en Poche)

     


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